La table ronde a commencé par une présentation de Good Morning Little Briar-Rose que Miyako Slocombe a traduit pour les éditions Akata. Cela a été l’occasion pour Frédéric Toulemonde d’aborder la question de la traduction des shôjo manga. Si Aurélien Estager n’en a pas traduit et n’avait rien à dire, Sébastien Ludmann, lui, a expliqué appréhender tous les mangas de la même manière, peu importe leur segmentation éditoriale et ne trouve pas trop de spécificités propres aux shôjo. Thibaud Desbief trouve qu'il y a beaucoup de texte dans le shôjo et a plus de facilité avec le shônen [pourtant, il traduit Hunter x Hunter ☺]. Avec le shôjo, Thibaud a beaucoup de mal à être fluide du fait des nombreux textes hors bulles, ces petits apartés qui le coupent dans sa pensée et cela lui demande beaucoup de travail de relecture. Miyako a toujours trouvé le shôjo très naturel, elle apprécie de les traduire. Thibaud lui a demandé si cela ne venait pas du fait qu’elle devait en avoir lu quand elle était enfant, ce à quoi Miyako a acquiescé.

Frédéric intervient alors pour révéler que le jury a eu à réfléchir sur la spécificité de la traduction de shôjo, sur quels critères il pouvait juger de la qualité du travail effectué, quels étaient les moments clés à ne pas rater dans le shôjo manga, dans le déroulé de l’histoire, où la traduction doit être réussie. Pour Miyako, cela lui fait penser à Moving Forward, où il est important de bien rendre l'aspect tordu de la personnalité de l'héroïne en faisant attention de bien conjuguer un verbe car une erreur de ce type pourrait changer le ressenti à la lecture.

Une des principales difficultés qu’a eu à affronter Miyako dans Good Morning Little Briar-Rose est que l’héroïne souffre d’un problème de personnalités multiples et que s’il est évident en japonais de deviner si c’est un homme, un garçon, une femme ou une fille qui parle du fait de leur façons différentes de s’exprimer, par exemple de dire « je », cela n’est pas le cas en français où on ne peut jouer que sur le style soutenu ou relâché. De plus, en français, le genre est très clair et on ne peut pas tricher avec ça, il faut donc tourner les phrases de façon à rester neutre pour conserver le mystère.

Frédéric questionne ensuite Aurélien sur sa traduction de La virginité passé 30 ans [aussi pour les éditions Akata], œuvre qui présente des personnages et des situations très atypiques. Pour le traducteur, la première difficulté était la quantité de texte à traduire, ce qui était intimidant au début, ce qui lui a fait rendre sa traduction par petits bouts car il était très en retard. Par contre, le texte original ne présentait pas de difficulté particulière, il n’y avait pas différents registres de langue à rendre en français. Il a surtout été atteint par le contenu du livre car pour lui, la traduction de mangas passe par une certaine identification aux personnages, notamment en essayant de se mettre dans leur tête. Cela crée beaucoup d’empathie mais dans ce livre, il y a de nombreuses situations de détresse diverses et variées qui, au fil du temps, quand on est dessus depuis plusieurs semaines, ont commencé à attaquer son moral du fait d’un contenu pesant.

Frédéric a rappelé à ce moment qu’Aurélien avait aussi été nommé avec Zéro de Tayô Matsumoto au prix Konichi pour la traduction de manga en français et il a demandé à Aurélien s’il s’était aussi projeté dans le personnage de boxeur maudit. Pour ce dernier, comme le boxeur est un taiseux qui a de temps en temps de petites envolées lyriques et poétiques, et comme il s’agit d’un personnage tellement extrême, il n’y avait pas réellement d’identification. La difficulté était ici de trouver un juste équilibre entre les passages poétiques et le reste des répliques de façon à garder une certaine cohérence à l’ensemble. Thibaud, puisqu’il a traduit les nombreux Tayô Matsumoto parus chez Kana, a confirmé la poésie de certains textes du mangaka, et il considère que le sommet de cette poésie se trouve dans Le Samouraï bambou avec une réelle osmose entre la poésie verbale et la poésie graphique, ce qui était difficile à rendre. Le problème avec Zéro c’est qu’il s’agit d’une des premières œuvres de Tayô Matsumoto et que celui-ci ne maitrisait pas encore autant cette poésie dont il a fait sa marque de fabrique. C’était là une difficulté supplémentaire à gérer lors de la traduction. Du coup, Thibaud était bien content que ça soit Aurélien qui la fasse. Ce dernier l’a rendu en deux fois, chacune correspondant à un volume de la VO [la VF est en un seul tome]. À la question de la réaction de l’éditeur qui reçoit les traductions par petits morceaux, si ça se passe bien ou s’il se fait engueuler, Aurélien a répondu qu’il ne voudrait pas voir la réaction de son interlocuteur. Heureusement que tout se passe par email.

Miyako demande alors à Aurélien si ça ne le gêne pas de rentre par petit morceau son travail car elle ça la gênerait de ne pas avoir de vue d’ensemble sur sa traduction. Aurélien n’est pas gêné car dès le début, il est prévu un nombre conséquent de corrections sur les épreuves [ça doit être les lettreurs et lettreuses qui doivent être content·e·s, tiens ☺ !].

Frédéric rebondit sur le sujet de l’organisation en demandant à Sébastien de parler du quotidien de son travail. Est-ce qu’il s’agit d’une activité à temps plein, est-ce qu’il est possible de faire autre chose à côté ? Sébastien répond que pour en vivre, c’est une activité à temps plein, et même très plein. Après, ça dépend aussi des gens, du temps qu’ils s’accordent pour traiter un titre ou un certain nombre de pages. Pour lui, une semaine normale, idéale, c’est entre 0,7 et 1 bouquin en faisant des journées de 8 heures. Du moins, quand tout va bien car parfois, il est nécessaire de faire plus. En fait, c’est en fonction du volume de texte, de la difficulté du titre, c’est très aléatoire. Comme il a la chance de vivre avec quelqu’un qui a une vie rythmée, il se cale dessus. Il essaye de suivre un emploi du temps assez strict : travailler le matin, faire une vraie pause le midi, changer d’environnement l’après-midi pour repartir avec un nouveau souffle. Il essaye de ne pas travailler après 19, 20 ou 21 heures afin de ne pas tomber dans un cycle infernal. C’est difficile. Surtout qu’en habitant au Japon, il y a la difficulté de caler ses horaires sur les éditeurs français. Comme cela signifie de commencer à travailler à partir de 17h00-18h00, il essaye au maximum de l’éviter.

C’est la même chose pour Thibaud qui a une vie aussi rythmée. Il a rappelé qu’il est beaucoup plus simple d’avoir une vie rythmée par un travail salarié qu’être indépendant, surtout à partir du moment où on veut produire un volume de travail constant et avoir une vie à côté de la traduction de mangas. Il se lève donc le matin avec sa famille et il arrête de travailler quand sa famille rentre à la maison. Il a demandé ensuite à Miyako et Aurélien comment ça se passait pour tous les deux qui n’ont pas la contrainte de se caler sur les horaires français [Thibaud vit aussi au Japon]. Du coup, ils doivent être plus harcelés par les éditeurs que lui et Sébastien le sont.

Miyako a rappelé que les emails qui viennent interrompre les journées de travail sont toujours difficile à gérer : est-ce qu’il faut réponde tout de suite ou ne vaux-t-il pas mieux répondre à tout le monde quand on a fini de travailler sur sa traduction. En général, elle commence par traiter le matin les emails venus du Japon car ils sont arrivés pendant la nuit. Ensuite, sauf exception, elle va attendre d’avoir fini sa journée pour traiter les autres emails afin de rester concentré sur son travail. Sébastien rappelle que tout le monde travaille sur plusieurs séries en parallèle. Donc, quand un email arrive pour poser une question sur un titre dont on s'est éloigné depuis trois ou quatre semaines, il est difficile de se remettre dans le bain pour y répondre, on sort complètement du travail en cours et cela demande de gros efforts pour s’y remettre ensuite.

Miyako a tendance à faire de la traduction le matin et de la relecture l’après-midi. Aurélien précise que depuis qu’il vit à nouveau seul, alors qu’avant c’était déjà très difficile pour lui d’avoir une vie bien organisée, c’est vraiment de pire en pire maintenant. De plus, il a la malchance d’être plus efficace en fin de journée même si c’est le moment où il a le moins envie de travailler. C’est pour cela qu’il est chroniquement en retard.

Après ces considérations très terre à terre, Frédéric demande à ses invité·e·s de raconter comment ils sont arrivés à faire de la traduction de mangas. Thibaud est un « vieux de la veille », il est présent depuis les débuts aux éditions Kana. Alors en licence aux Langues O à l'INALCO, et suite à une petite annonce passée à l'école en 1995 ou 1996, il y a répondu car il était fan de manga et de BD en général. Il a commencé comme relecteur / correcteur / adaptateur de traductions du japonais vers le français faites par des locuteurs natifs. Il a fini par devenir traducteur grâce à sa passion pour l'univers des animés et mangas japonais à une époque où cette passion était marginale, et encore plus en version originale.

Miyako est venue aux mangas assez naturellement car elle en a toujours lu plus jeune. Sa première lecture en japonais était du manga, Urusei Yatsura de Rumiko Takahahsi. C’est comme ça qu’elle a perfectionné son japonais car elle a grandi en France. Par contre, elle a fait des études d'art et c'est Stéphane Duval, un ami de la famille, qui lui a proposé de traduire des mangas vu sa connaissance des deux langues, lorsqu'il a fondé Le Lézard Noir. L'essai lui a de suite plu de sorte qu'elle a complété sa formation via les Langues O en étudiant aussi au Japon durant une année. Cela était pour elle indispensable pour s'imprégner culturellement. Elle a précisé que Stéphane est une personne ayant beaucoup agi comme un agent pour qu'elle travaille chez d'autres éditeurs que lui. Maintenant, il aimerait bien qu’elle refuse quelques travaux pour avoir plus de temps à consacrer au Lézard Noir. Aurélien a lui aussi fait les Langues O même s’il n’est pas allé jusqu’au bout de sa maitrise. Il a surtout débuté en binôme avec une personne japonaise [Madame Satoko Fujimoto, à qui il a rendu un vibrant hommage en réponse d'une question « mangaversienne » lors des questions du public à la fin de la conférence], il faisait donc l'adaptation. Quant à Sébastien, lui aussi, a fait les Langues O.

Pour Sébastien, c’est une formation qui lui semble indispensable pour pouvoir traduire correctement. Thibaud a nuancé ces propos en estimant que des personnes ayant suivi une formation en lettres modernes peuvent aussi faire de la traduction. Il prend pour exemple Patrick Honnoré qui a appris le japonais au Japon et pas lors de ses études. Sébastien en a profité pour préciser que les Langues O n’étaient en aucun cas suffisantes. Le plus important est la capacité de rédaction en français car c’est là que la différence se fait. Thibaud rebondit sur ces propos pour rappeler que maintenant, il y a beaucoup d’éditeurs de manga qui sont bilingues franco-japonais et qui sont capables de juger la fidélité au japonais et la qualité du français. Il y a une vingtaine d’année, les éditeurs français ne connaissaient que le texte rendu par les traducteurs. Ils ne pouvaient faire que des contrôles de cohérence.

Les éditeurs ont un rôle très important de contrôle car les traducteurs ne voient pas toujours les problèmes à force d’être trop proche du texte original. Les relecteurs ont un travail important aussi à ce niveau. Concernant les phases de corrections, la difficulté dépend beaucoup du titre, il n’y a pas de difficultés récurrentes. Par exemple, les difficultés rencontrées sur Golden Kamui ont peu de chances d’être un jour rencontrées sur un autre titre. Autre exemple donné par Thibaud, il y a un personnage dans DDD Demon Destruction qui parle comme une gameuse, une passionnée japonaise avec tout un champ lexical propre au domaine du jeu vidéo qu’il ne retrouvera probablement pas dans une autre série.

Miyako a demandé à ses collègues s’ils ne rencontraient pas le problème de traduire un texte original qui est assez maladroit, et dans ce cas, comment il fallait le rendre en français. Il peut arriver qu’on ne comprenne pas ce que le ou la mangaka a voulu dire, que les dialogues n’étaient pas clairs. Et quand ça arrive, est-ce qu’il faut réécrire ? Miyako trouve que ça lui prend énormément de temps d’identifier l’erreur car quand on est dans la traduction du japonais, on ne se rend pas bien compte des incompréhensions que cela peut créer en français. Thibaud considère que ce qui n’est pas clair dans le texte va être interprété par les lecteurs francophones comme étant une erreur de traduction. Surtout que les lecteurs sont de plus en plus exigeants et de plus en plus réactifs envers ce qu’ils considèrent comme étant des problèmes de traduction. De fait, il est important de penser à la fluidité du texte en français et à sa clarté.

Sébastien a rappelé effectivement qu’ils ont tous été confrontés à des textes originaux particulièrement mal écrits et que cela se ressent obligatoirement dans la traduction. Et on a tendance à penser que c’est de la faute du traducteur et pas de l’auteur du manga. Et donc, la traduction a tendance à tirer vers le haut la qualité des dialogues. Thibaud prend l’exemple de Master Keaton. Il est bien écrit mais il a été conçu avant la généralisation des recherches sur Internet. Naoki Urasawa mélange les faits historiques réels avec d’autres inventés. Il en est de même avec les lieux. Comme il était impossible de vérifier simplement à l’époque les informations, il y a de nombreuses incohérences aussi bien historiques que géographiques qui peuvent être facilement relevées maintenant. Ce genre de problème ne peut plus passer maintenant, il est alors nécessaire d’adapter les noms des lieux pour qu’il soit réellement possible d’aller de l’un à l’autre dans la journée. Et c’est comme ça dans tous les chapitres des douze tomes. Thibaud avait réalisé un fichier Excel reprenant tous les événements pour vérifier s’ils étaient réels et sans erreur pour pouvoir répondre aux questions de Kana sur telle ou telle incohérence. De ce fait, la versions française comprend nettement moins d'erreurs que l'originale.

Frédéric en a profité pour demander si Internet a changé la façon de travailler et si ce n’est pas trop chronophage. Aurélien prend l’exemple de l’argot qu’il a pu entendre dans la rue qu'il vérifie sur Internet si son usage est répandu ou pas. Du coup, il a posé la question à Thibaud et Sébastien si le fait de vivre au Japon ne les avait pas coupés de l'évolution du français. Sébastien a dit ne pas être très fan de l’argot actuel, jeune, dans les mangas car ça a une durée de vie très courte et ça rend la traduction rapidement obsolète. Il a pris comme exemple Racaille Blues qui est bourré d’expressions de la fin des années 1990. Il a estimé qu’aujourd’hui, c’est illisible. Aurélien n’était pas d’accord. Il a adoré traduire Wet Moon d’Atsushi Kaneko avec son argot des années 1960 car son plaisir était d’aller piocher des expressions dans un argot de gangster assez vieilli et qui n’est plus du tout utilisé. C’est ce qui donne tout le sel des dialogues. À l’inverse, si le texte japonais est contemporain et utilise un argot très actuel, qui vieillira très vite, il ne voit pas le problème de faire pareil et de chercher l’équivalent en français. Cela représente un instant T du japonais ou du français tel qu’il était utilisé à ce moment-là. Pour lui, il est étrange de considérer que l’argot ne serait intéressant que lorsqu’il est très vieux alors que celui utilisé il y a un an ou deux serait déjà désuet et sans intérêt.

Miyako et Thibaud en ont profité pour féliciter Aurélien pour l'emploi de l'argot dans Stop! Hibari-kun, titre ancré dans les années 1980 avec un argot et des expressions de l'époque, dont le fameux « t'es maboule! », que plus personne n'emploie aujourd'hui... sauf Sébastien qui pense du coup qu’il n‘est vraiment plus dans le coup. Si Miyako et Thibaud ne sont pas à l'aise dans ce domaine [on peut d’ailleurs estimer que, physiquement, on les voit mal s’exprimer en argot, ☺ !], ils n’aiment pas les termes trop récents et surtout ceux vulgaires. Dans le cas où ils sont confrontés à un argot trop récent, qu’ils ne comprennent pas, Miyako utilise Internet quand Aurélien n’hésite pas à solliciter des connaissances pour avoir la réponse. Thibaud va dans le même sens.

Internet est un outil indispensable pour faire des recherches, notamment sur des séries de fantasy / fantastique où on ne sait jamais si la tournure du ou de la mangaka est tordue, ou bien si cela peut avoir une incidence plus tard sur le récit... Dans ce cas-là, certains forums de fans en japonais peuvent servir pour trouver une réponse, car passer par l'auteur·e est un processus long [on passe par l'éditeur français, qui passe par l'éditeur japonais, jusqu’à l'auteur·e].

Le simultrad [sortie en simultané d'un chapitre au Japon, aux USA, en France, etc. qui est une réponse à l'impatience des fans et au scantrad qui en découle] a alors été abordé par Frédéric, questionnant notamment Thibaud qui travaille sur Eden Zéro de Hiro Mashima, ou sur To Your Eternity de Yoshitoki Oima. Les délais sont très courts car il a entre 12 et 24 heures pour traduire un chapitre de 16-18 pages pour un hebdomadaire, 60-70 pages pour un mensuel. Une fois qu’il y a assez de chapitres pour sortir un volume relié, on reprend la traduction pour la réviser, sachant que les planches ont pu être retouchées pour la version reliée. C’est du travail supplémentaire, c’est du stress car on n’a pas les informations pour déterminer certaines situations ou certains personnages, par exemple, si c’est un homme ou une femme. Les autres intervenant·e·s n'ont pas expérimenté cette manière de travailler, mais tout le monde s'accorde à dire que c'est un sacré défi. Thibaud, lui, en tire plutôt une fierté. C'est un honneur d'être en quelque sorte choisi par l'éditeur et une joie d'être un premier lecteur. En effet, le chapitre n'est pas encore dans le magazine au Japon lorsqu'il reçoit les fichiers ! D'ailleurs, cela pose encore la question du rythme car les retours de l'éditeur sont immédiats et c’est alors un travail en équipe. Mais que faire si Thibaud reçoit un mail en plein week-end ? Quel impact sur la vie de famille ? Selon lui, ceci n'arrive pas, donc la question ne se pose pas.

La question du scantrad [la traduction amateure, généralement illégale, mise à disposition sur Internet avant une éventuelle édition officielle] a alors été abordée. Miyako ne se sent pas concernée mais a pris l’exemple de Glénat qui a été interpelé sur son forum à propos de la traduction de One Piece. Il faut leur faire comprendre qu’une traduction trop littérale ne sert pas l’œuvre, bien au contraire. Aurélien n’a pas d’avis, notamment sur les conséquences économiques et renvoie aux propos de Xavier Guilbet [et au site du9.org] sur la question.

Frédéric a demandé s’il y a des échanges avec les lecteurs sur la traduction. Thibaud dit que les retours se font surtout par le biais de l’éditeur et qu’il évite d’y penser. Il n’a surement pas de temps et de l’énergie à perdre à chercher des avis et à argumenter sur ses choix. Il préfère passer ce temps à faire le moins d’erreurs possibles. Sébastien a dit que c’était le meilleur moyen de se ruiner le moral car ce sont les avis négatifs qui remontent et qu’il vaut mieux les ignorer. Surtout que cela risque de déboucher sur une autocensure en essayant de contenter certaines personnes. Le premier devoir du traducteur est d’être fidèle à l’auteur et à son intention. C’est d’essayer de livrer un texte en français le plus fluide possible, le plus propre possible avec un minimum d’erreurs. [Il faut noter qu’après Angoulême, Aurélien a eu des « ennuis » avec des fanatiques de la traduction à la « scantrad » à propos de son travail sur la série Tokyo Revengers auxquels il a répondu sur le forum de Mangaverse.]

Parmi les questions du public, il y a eu celle qui concerne la traduction des noms des personnages qui sont référencés en japonais. Le spectateur a pris pour exemple l’utilisation de Pipo / Usopp dans One Piece. Miyako a estimé que si ça fait référence à la culture occidentale, on peut assez facilement l’adapter. Elle a parlé ensuite d'une cohérence : soit on francise tous les noms qui ont une signification, soit on garde la VO. Une autre question portait sur les erreurs de traduction : que se passe-t-il dans le cas où une erreur se glisse? Pour Thibaud, tout le premier tirage aura l'erreur. Si l'erreur a été signalée par le traducteur, il se peut que cela soit corrigé pour le second tirage.