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Ji Di

 

Ji Di Illustration de Ji DiJi Di, de son véritable nom Zu Yale, est une jeune auteure chinoise. Née le 22 juin 1983, elle avoue avoir été une enfant tumultueuse et plutôt rebelle. Après une série de déménagements, elle s’installe avec sa mère dans la ville de Chengdu dans la province de Sichuan, située au centre de la Chine près du plateau tibétain. Ji Di y suit des études artistiques dans un lycée technique et entre à l’Académie des Beaux-arts de Sichuan en 2002.

Elle commence alors à envoyer divers manhuas, illustrations et histoires courtes à des magazines spécialisés en bande dessinée. Dès ses débuts, Ji Di est soutenue par sa mère dans sa passion pour le dessin, même dans les moments difficiles : « C’est elle qui a acheté un ordinateur pour moi, même si nous étions très pauvres. Ma mère a tenu à ce que je poursuive ma passion et elle m’a donné les moyens pour le faire » raconte Ji Di lors d’une interview parue en avril 2005.

La série My Way débute en juin 2003 dans Story 100, le mensuel de prépublication de Comic Fans. Le succès est immédiat : le premier tome en édition reliée, sorti en octobre de la même année, se hisse en tête des ventes et est réimprimé neuf fois en l’espace de six mois. En 2004 et 2005, la série est consacrée meilleur album illustré lors du grand concours pour le manhua et l’animation chinoise, le Golden Dragon Award of Original Animation & Comic in Chinese, et rend ainsi son auteure célèbre en Chine. Surmontant une période de grande tristesse suite au décès de sa mère adorée en 2004, Ji Di continue à dessiner et publie un second tome à la tonalité différente. Dans l’entrée de son blog datant du 10 septembre 2005, on peut lire  : « Le deuxième tome de My Way marque les jours les plus noirs de ma vie, mais je les ai vaincus : j’ai une force de vie égale à celle d’un cafard ! ».

My Way 2 Ocean’s Time sort en novembre 2005 et est réimprimé cinq fois en l'espace de trois mois, parvenant à un total de 50 000 exemplaires. La série atteint la barre des 100 000 exemplaires en mai 2006. Alors que les droits pour les versions malaisienne et française sont acquis, le troisième tome, My Way 3 Blue Cookies sort en juin 2006 et le dernier album, My Way 4 Spring Scenery paraît en mai 2007. Quatre ans après ses débuts, et autant de volumes pour son unique œuvre à ce jour, Ji Di s’apprête à la conclure avec un cinquième album prévu pour octobre 2008 (annoncé sur son blog en avril 2007). Après cela, elle envisage de s’essayer à l’écriture ainsi qu’à la création de bandes dessinées expérimentales.

 

My Way

 

My Way 2My Way 2A l'occasion de la Japan Expo, le volume 2 de My Way est proposé en courte avant-première aux visiteurs du stand de son éditeur français, Xiao Pan. Dans cette série au graphisme original, nous suivons les pérégrinations d'un jeune homme, nommé "V". Il passe de ville en ville, sans but réellement défini, multipliant les rencontres avec différentes personnes, la plupart du temps inconnues. Celles-ci sont souvent des individus solitaires, pleurant après un amour perdu ou à la recherche du bonheur. Il en résulte un enrichissement mutuel, le protagoniste cherchant à comprendre les motivations de ses interlocuteurs.

Ji Di nous propose un univers poétique, onirique même parfois, dont le fil conducteur est la recherche du bonheur. L’auteure réalise directement son dessin en infographie, tout en cherchant à reproduire le rendu de la peinture à l’huile, ce qui lui donne ce cachet si particulier. Sa narration est également différente de l’idée que l’on peut avoir de la bande dessinée asiatique. Ses histoires sont courtes et racontées à l'aide de trois ou quatre vignettes rectangulaires sur chaque page, avec de multiples changements de plan et un grand usage de l'ellipse. Une courte anecdote personnelle vient conclure chaque nouvelle, lui donnant un certain éclairage. Il en ressort une œuvre atypique qui ne peut pas plaire à tout le monde mais qui change agréablement de la plupart des sorties de bandes dessinées asiatiques actuelles.

A la différence du premier volume de My May dont on peut trouver l'histoire beaucoup trop superficielle même si elle est empreinte de poésie et de mélancolie, le second a une tonalité plus grave. La mort y est mise en scène de façon dramatique, car elle touche parfois des personnages proches de V. Cette évolution semble suivre celle de son auteure qui a connu une tragédie familiale entre temps et cherche à faire passer dans son œuvre d'autres préoccupations comme celles du changement, du temps qui passe, et même de la vieillesse. Ces thèmes dominants dans le deuxième tome remplacent en partie ceux de l’amour perdu et de la recherche du bonheur. Il en résulte une lecture bien plus touchante car parlant de sujets plus personnels.