Le manga européen, une nouvelle porte d'entrée pour les jeunes talents ?
L'exemple de Lolita HR

Date : 24 janvier 2008


Invités :
    - Delphine Rieu, scénariste (française) de Lolita HR
    - Javier Rodriguez, dessinateur (espagnol) de Lolita HR [1]


Animateurs :des membres de l'adaBD, dont leur avocat. [2]


La lecture de l'interview réalisée par ActuaBD à l'occasion du Festival est conseillée en complément de ce compte-rendu.


L'introduction consistait en une présentation de l'adaBD, qui organisait la conférence... et qui y était intéressée en premier lieu. Une partie des discussions était en effet orientée vers des thèmes tenant à cœur à l'association comme les relations entre auteur et éditeur. De plus l'intitulé de la rencontre laissait clairement entendre que le sujet du "manga à l'européenne" serait abordé, même si dans les faits les échanges se sont limités sur la vision/expérience des deux invités sur le sujet :
     1. Le Manga "à l'européenne"
     2. Rapport avec l'éditeur et organisation du travail
Les deux auteurs présents étaient également succinctement présentés.

retourner au sommaire 1. Le Manga "à l'européenne"

La conférence démarrait sur le sujet presque obligé du "manga à l'européenne". L'animateur demandait leur définition/explication du terme aux invités.
D.R. présentait le manga à l'européenne comme une adaptation au format japonais : petite taille, N&B, tomes de 200 pages environ…, ainsi qu'au style japonais, mais sans volonté de copier. Elle précisait ne pas savoir si le mot "manga" était vraiment approprié, bien qu'il soit le plus représentatif pour l'instant. [3]
J.R. expliquait alors que pour lui, manga avait la même signification que bande dessinée, comics... ou historietta qui est le terme de sa langue natale. Il utilise juste le mot du pays, pour en désigner la production. Selon lui, la vraie particularité de Lolita HR, c'est le format. Un format qui permet de mieux retranscrire les émotions des personnages.

L'animateur rebondissait alors sur ces définitions personnelles du "manga européen" pour interroger D.R. et J.R. sur ce que travailler dans ce format change pour eux, par rapport à leurs expériences précédentes (et plus classiques).
D.R. se révélait enthousiasmée : c'est « génial pour un scénariste » selon elle. Elle affirmait que faire tenir un album en 46 planches est très difficile. Il faut faire beaucoup d'ellipses. Ce qui est complexe, et finalement lent à réaliser. Elle expliquait alors que pour Lolita HR, J.R. dessine 30 planches par mois. Ce qui est très lent par rapport aux dessinateurs japonais, [4] mais qui permet tout de même une grand liberté comparée aux 46 planches annuelles classiques. D.R. peut donc s'étaler, approfondir, montrer les émotions. Ce qui s'avère pour elle très agréable et confortable.
De son côté, J.R. peut outrepasser les "règles" classiques car il n'a pas de modèle à suivre. Il citait en exemple une scène de dialogue sur fond de ville. La tradition voudrait qu'il mette des décors fouillés dans les cases pour bien fixer la scène. Mais pour une scène de ce genre dans Lolita HR, il peut limiter les décors et plus se centrer sur les personnages.

L'animateur faisait alors remarquer qu'on dit souvent du manga qu'il développe beaucoup plus la psychologie de ses personnages.
D.R. acquiesçait et expliquait trouver cette possibilité du format très intéressante, bien qu'elle ait encore un peu de mal. J.R. la pousse d'ailleurs à aller encore plus loin dans cette direction.
J.R. renchérissait en faisant remarquer que traditionnellement on utilise beaucoup de texte pour des explications, afin de pallier au manque de place/planches. Mais en manga, on dispose de plus de place, donc on peut montrer les choses, les émotions plus graphiquement.

L'animateur avançait alors la différence de rythme de publication pour demander si elle avait un impact sur l'écriture du scénario.
D.R. expliquait alors que Lolita HR est découpé en chapitres, [5] quatre pour les deux premiers tomes, cinq pour les suivants. Donc le scénario est réfléchi sous forme de chapitre et pas d'album. De plus, en franco-belge on pense plus en terme de page, alors que pour un manga on réfléchit par scène. Et on peut laisser prendre à la scène la place qui lui est nécessaire, pas juste un nombre limité de planches.

Le sujet était prolongé plus tard par la question d'une personne du public. Elle demandait aux auteurs de Lolita HR s'ils avaient connaissance de ce qui existe en terme de « manga américain », plus précisément sous forme de « Original Graphic Novel ». [6] Elle citait notamment des éditeurs comme Tokyopop ou Oni Press, et des auteurs comme Becky Cloonan pour East Coast Rising, [7] Lee O'Malley pour Scott Pilgrim [8] ou Corey "Rey" Lewis. [9]
Les invités répondaient malheureusement par la négative. [10]
J.R. précisait alors avoir lu beaucoup de comics, principalement des super-héros et du Disney, avant de se mettre à la bande dessinée. Il ajoutait toutefois, pour continuer sur ses influences, aimer aussi beaucoup des auteurs comme Blutch ou Sfar.
D.R. poursuivait en expliquant vouloir seulement « raconter des histoires en 200 pages » et ne pas être intéressée par le nom qu'on leur applique. [11]

Une dernière intervention du public concluait la thématique en posant la question de la réception du "manga européen" par les lecteurs.
D.R. répondant que le problème était actuellement bien plus du côté des libraires que du public. En effet, les mangas européens ont du mal à être placés en librairie. Certains magasins spécialisés manga ne les considèrent pas comme des mangas et donc ne les vendent pas, alors que des librairies plus "franco-belge" les évitent car les considérant comme des mangas ! [12] Elle précisait ensuite que Lolita HR est publiée en Espagne et que la série y est bien mieux accueillie. En plus du public, elle intéresse réellement les médias. Pour D.R., c'est une « énorme différence » avec la France. Elle pense que cela vient entre autre de la grande place du manga en Espagne.
J.R. ajoutait alors une anecdote vécue lorsqu'il avait été reçu à l'Ambassade du Japon à Madrid. [13] Il racontait alors que l'Ambassadeur lui avait demandé pourquoi le "manga européen" était si consensuel, en lui expliquant qu'il voyait le manga comme un médium qui bouscule les tabous. J.R. affirmait être d'accord avec lui. Il reconnaît que les mangas japonais sont plus provocants. Mais il pense que les mangas européens, par rapport au manga japonais très segmenté et ciblé, préfèrent mélanger les publics/cibles… et donc rester plus consensuels justement.

retourner au sommaire 2. Rapport avec l'éditeur et organisation du travail

Avant les interventions du public, l'animateur orientait la discussion vers un sujet plus au cœur des préoccupations / prérogatives de l'adaBD.
Il rappelait tout d'abord que Lolita HR est (pré-)publiée dans le magazine Shogun Seinen. [14] Puis il proposait aux invités d'évoquer les relations avec leur éditeur (Guillaume Dorison, le directeur de Shogun), leur méthode de travail etc.
D.R. commençait en expliquant que le "manga européen" étant assez récent, il y a beaucoup de tâtonnements. [15] Elle précisait que l'éditeur lit bien sûr les chapitres avant publication. Au début de la série, il donnait des conseils, mais il a maintenant pratiquement arrêté que ce soit au sujet du scénario ou des planches. En fait, il a énormément de titres à suivre et donc de moins en moins de temps à consacrer à Lolita HR et ses auteurs. Elle ajoutait finalement que les récents problèmes des Humanoïdes Associés (dont Shogun dépend) [16] n'ont pas amélioré sa disponibilité. D.R. et J.R. sont par conséquent laissés plus ou moins libres sur Lolita HR.
J.R. affirmait pour sa part que les relations avec l'éditeur étaient très bonnes… tout en reconnaissant avec humour préférer en dire du bien car la relation est toujours en cours.
Vers la fin de la rencontre (après les explications sur Lolita HR en Espagne) D.R. revenait sur le sujet des relations avec l'éditeur. Elle expliquait que suite aux difficultés des Humanoïdes Associés, il avait été « un peu absent ». Cela a obligé D.R. et J.R. à assurer eux-mêmes la promotion de la série, activité qui consomme beaucoup de leur temps. Elle affirmait même avoir considéré quitter Shogun, mais que l'éditeur avait insisté pour continuer à les publier.
J.R. ajoutait alors penser qu'ils sont trop gentils avec leur éditeur.

    L'animateur rappelait ensuite que D.R. et J.R. constituent un duo franco-espagnol d'auteurs. Il demandait alors comment leur collaboration se déroule et notamment s'il y avait des intermédiaires entre eux.
D.R. répondait qu'elle fait office de référent et d'intermédiaire. Elle précisait en riant que la majeure partie des contacts pour travailler à distance avec J.R. se font par MSN.
J.R. ajoutait que c'est une nouvelle façon de travailler. Il dessine sur ordinateur, avec MSN en tâche de fond. Ainsi, il a l'impression d'avoir D.R. à côté !

L'animateur lui demandait alors si on peut « vivre » en dessinant 30 planches par mois.
J.R. répondait qu'il « survit » avec son travail sur Lolita HR. Et il expliquait assurer plusieurs projets en même temps : bande dessinée, colorisation pour Marvel et DC (entres autres), illustrations… [17] Il ajoutait que son travail actuel sur SpiderMan devenait de moins en moins intéressant avec la baisse du dollar.

    Une personne du public intervenait alors pour avoir des précisions sur les « 30 planches par mois ». Elle demandait si un mois de travail comprenant la réalisation complète d'un seul chapitre, c'est à dire écriture du scénario + dessin + tramage + etc.
J.R. commençait par (re-)préciser que si les chapitres mensuels font effectivement 30 planches dans les deux premiers tomes, ils vont devenir plus courts dans les suivants. Ce qui va lui permettre de faire plus de choses.
D.R. continuait en expliquant qu'elle livre le scénario chapitre par chapitre et qu'elle est en fait libre du nombre de pages. Un chapitre peut ainsi faire 28 ou 32 planches. [18]
Elle ajoutait qu'avec 30 planches par mois J.R. n'a pas le temps de redessiner, sauf en cas d’erreur irrémédiable. Mais selon elle c'est un avantage. Cela permet de ne pas s'épuiser sur une scène ou un dessin (qu'on n'arrive pas à perfectionner), d'avancer et d'apprendre.
Sur ce même sujet, J.R. racontait plus tard comment la coupe de cheveux du personnage masculin avait été simplifiée en cours d'histoire. Comme sa coupe originale était trop compliquée, ils ont fait en sorte qu'il se fasse raser les cheveux, le rendant ainsi plus simple à dessiner.
D.R. précisait également que son espagnol n'est pas très bon. Elle fait donc parfois des contresens en traduisant son scénario pour l'envoyer à J.R.. Mais elle ne s'en rend compte qu'une fois les planches dessinées. Elle doit alors faire l'exercice de ré-adapter son scénario à ce qui a été dessiné en réalité. J.R. affirmait alors qu'il y avait eu des situations très drôles à cause d'erreur de ce type. Et il racontait un exemple où il avait dessiné des frigos dans une chambre à coucher. Ca l'avait étonné, mais c'était écrit dans le scénario en espagnol. D.R. intervenait pour expliquer que les frigos étaient en fait censés être dans une pièce séparée. L'erreur venait du fait qu'elle avait utilisé le mot "habitación" en croyant qu'il avait le même sens que son équivalent français, alors qu'il signifie chambre en espagnol !

L'animateur concluait que ce type d'expérience est proche de celle des feuilletonistes avant de passer la parole au public.
La première intervention demandait si l'éditeur avait imposé des « contraintes », notamment au niveau du contrat d'édition.
D.R répondait qu'il n'y avait pas eu de contrainte au niveau artistique. Elle expliquait toutefois que l'éditeur voulait à l'origine partir sur quelque chose de plus « japonisant ». Par exemple, il voulait reprendre les espaces inter-case des mangas japonais. Mais D.R. et J.R. ont refusé car ces espaces sont adaptés au sens de lecture japonais (de haut en bas, puis de droite à gauche), qui est différent du sens occidental (de gauche à droite, puis de haut en bas) utilisé pour Lolita HR. [19] L'éditeur a également poussé la présence de Mehdi le personnage masculin par rapport à Lolita. [20]
J.R. ajoutait que l'éditeur lui avait demandé des « grands yeux » mais qu'il avait refusé pour garder son style.

Un des membres de l'adaBD présents demandait alors des précisions sur le contrat d'édition : contient-il des clauses spécifiques à la pré-publication (délai de livraison des chapitres par exemple) ? Les auteurs sont-ils payés deux fois (pré-publication du chapitre et parution d'un tome) ?…
D.R. répondait que leur contrat est en fait très similaire à ceux pour la publication d'albums franco-belges classiques. C'est à dire que les auteurs sont payés à la livraison des planches.
En ce qui concerne le délai de rendu des planches, elle expliquait que les dates étaient négociées en bonne entente pour permettre la publication des numéros du magazine. De toute façon, l'éditeur ne peut pas faire grand chose si les planches ne sont pas livrées à temps.

Suite à la question sur les OGN américains, j'interrogeais les auteurs sur leur relation éditoriale avec Shogun :
le(s) magazine(s) Shogun est(sont) en effet un des rares exemple de revues de pré-publication en France et il(s) essaye(nt) manifestement d'émuler le modèle japonais. Mais au Japon, on a une importante implication des éditeurs chargés des auteurs (en termes de retour critique, pouvant allant jusqu'à la co-scénarisation) ainsi qu'un système de vote du public. Or les interventions précédentes ont bien montré le peu d'implication de l'éditeur de Shogun, et il ne semble pas y avoir de retour organisé du public. [21] Je demandais donc si les auteurs étaient intéressés par plus d'implication, toutes proportions gardées bien sûr, de l'éditeur et/ou du public dans leur série.
D.R. était manifestement surprise et ne savait pas trop quoi répondre. Selon elle cela dépend de la forme réelle prise par cette implication. En ce qui concerne le retour du public, elle expliquait avoir l'apport du forum de discussion du site internet de Shogun. Mais elle reconnaissait que ce type de retour n'est pas très efficace, voire « étrange ». Elle précisait également qu'un système de vote des lecteurs avait été essayé aux débuts du magazine Shogun, mais qu'il n'avait pas fonctionné.
J.R. quant à lui, affirmait penser que l'éditeur devrait plus s'impliquer dans les séries. Actuellement il est plutôt réactif : il s'occupe des délais, il demande les planches à l'approche des dates limites… Il devrait être beaucoup plus proactif.

par Mathieu LAGREZE


[1] Delphine Rieu est coloriste et scénariste de bande dessinée.
Javier Rodiguez est dessinateur et coloriste de bande dessinées ainsi qu'illustrateur. Lolita HR est pré-publiée dans le mensuel Shogun Seinen et publiée au label Shogun des Humanoïdes Associées (de manière ouvertement copiée sur l'édition des mangas au Japon). On consultera le site de Shogun pour une présentation détaillée de la série et de ses auteurs.

[2] J'avoue malheureusement ne pas connaître / me souvenir de leurs noms.

[3] Je qualifierais cette utilisation du mot manga de "pragmatique" ou "marketing" (sans connotation péjorative aucune).
Les "mangas européens" (ou américains d'ailleurs) ne sont techniquement pas des mangas puisqu'ils n'ont pas été initialement édités au Japon. Mais il est légitime de leur appliquer le terme. En effet, ce à quoi ils s'apparentent le plus sont les mangas japonais, et pas les BDs franco-belges classiques en 48 planches couleurs (ou les comic-book de super-héros). A noter que les éditeurs sont friands de cette utilisation marketing puisqu'elle leur permet à la fois d'informer les lecteurs potentiels, tout en essayant de capitaliser sur le succès éditorial des mangas.

[4] C'est assez vrai si on compare à la production d'un auteur japonais publiant une série hebdomadaire (environ 19 planches par semaines) et/ou plusieurs séries. Mais c'est assez proche du rythme d'un auteur japonais assurant une série mensuelle classique... ou d'ailleurs d'un auteur américain travaillant sur une série mensuelle en comic-book.

[5] Ce découpage en chapitres est logiquement imposé par la (pré-)publication dans un magazine, en feuilleton d'épisodes mensuels.

[6] Terme servant à désigner les livres américains de bande dessinée ("Graphic Novels") au contenu original, i.e. ne compilant pas des épisodes déjà parus, en général sous forme de comic-book. S'oppose donc aux "Trade Paper Backs" (qui eux proposent du matériel déjà paru).

[7] Becky Cloonan est une jeune dessinatrice et illustratrice indépendante américaine, aux influences rock et manga prononcées. Elle est notamment l'auteur de Demo avec Brian Wood, de nombreux mini-comics et participe aux collectifs Flight et Meathaus. Sa première série en solo, East Coast Rising, fait partie de la première vague de "global manga" de l'éditeur Tokyopop. Comme Lolita HR, elle a fait partie des titres finalistes du premier "International Manga Award".

[8] ou sans doute un des touts meilleurs "mangas américains". La preuve de manière pas forcément très objective (publicité éhontée)...

[9] Corey Lewis est un jeune illustrateur et dessinateur américain, mêlant des influences rock, manga, jeux vidéos... Il est l'auteur de Sharknife et Peng chez Oni Press.

[10] Il est à noter que les "mangas américains" semblent assez mal connus en France. Quand les mangas "non-japonais" (et hors Asie) sont évoqués, on retrouve toujours les mêmes quelques exemples allemands (chez Tokyopop, Carlsen et Ema) et français: Ankama, Shogun, Vanyda et les quelques séries chez Pika et Delcourt. Les productions en langue anglaise, de Tokyopop, de Seven Seas ou Self Made Hero, sont rarement abordées, malgré le dynamisme du mouvement... et la traduction de plusieurs série en France (Warcraft, Blank (chez Soleil), Dramanga (chez Peps d'Albin Michel), Fool's Gold, The Dreaming (chez Akileos)…).

[11] Au delà du débat assez embrouillé et finalement pas très intéressant pour savoir à quelles œuvres le terme "manga" peut être appliqué, les attitudes des auteurs eux-mêmes sont très partagées. Certains revendiquent leurs livres comme des "mangas" (non-japonais donc), souvent de manière assez militante. D'autres sont indifférents voire opposés à l'utilisation du terme, ne reconnaissant qu'une influence "manga". Mais encore une fois, ce sont les éditeurs qui sont le plus intéressés par l'intérêt "marketing" (sans connotation péjorative toujours) de l'apposition du terme à leurs productions.

[12] Les éditeurs de mangas "différents" comme IMHO ou Cornélius se plaignent d'ailleurs de la même attitude des librairies "manga" et de leur difficulté à y placer leurs traductions japonaises.

[13] Lolita HR a fait partie de la vingtaine de titres finalistes pour le premier "International Manga Award" instauré par Taro Aso le ministre japonais "otaku" des affaires étrangères. J.R. a donc été invité à l'ambassade du Japon pour recevoir un certificat attestant cela. Plus de détails figurent dans le sujet dédié sur le forum de Shogun.

[14] La publication a en fait démarré dans le magazine Shogun. Puis la série a naturellement rejoint le Shogun Seinen, émanation rassemblant les séries les plus "adultes" du magazine Shogun originel devenu Shogun Shonen.
Du fait du rythme de sortie des tomes reliés par rapport à celui des magazines (la réorganisation des magazines et les difficultés des Humanoïdes Associés ayant eu un impact), certains chapitres ont en réalité été post-publiés.

[15] La seule expérience de (pré-)publication précédente étant moins d'un dizaine de chapitres de DYS et Dreamland, au sein de l'éphémère (2003-2005) magazine Shounen Collection des éditions Pika.

[16] Les Humanoïdes Associés ont connu une crise financière sérieuse (avec notamment des retards de paiement des auteurs) en 2007.

[17] Rien que de très classique pour un auteur de bande dessinée en fait...

[18] On peut toutefois supposer que cette liberté est limitée par les contraintes techniques/éditoriales de l'éditeur. Un soudain chapitre de 50 planches aurait sans doute du mal à trouver sa place dans le magazine.

[19] Cette demande de l'éditeur est symptomatique d'une certaine envie de copier le format du manga japonais sans trop réfléchir. D'en reproduire les éléments, les gimmicks bref la "fabrication", puisqu'en copier l'éditorial est difficile. Ce qui est parfaitement en accord avec la philosophie affichée de G. Dorison, pour qui le manga est un "format".

[20] Pour satisfaire une cible plus "jeunes garçons" du magazine Shogun d'origine ?

[21] En fait les magazines ne publient que des séries assurées de sortir en albums reliés. Et l’éditeur ne s'en est jamais caché d'ailleurs. Au contraire du système japonais où une série / un auteur doit faire ses preuves en pré-publication avant d’être édité en album. Le "business model" de Shogun se veut sans doute plus adapté au marché européen, mais il prive les magazines du rôle de découverte et d'essai face au public de la pré-publication. Ainsi les revues Shogun se limitent à une méthode de publication complémentaire aux albums reliés, voire au pire une sorte de promotion de ces albums, véritable finalité du travail de l'éditeur (qui édite d'ailleurs maintenant des séries directement en album).


Remerciements : Hervé et Manu pour les relectures; Du9 pour les idées de mise en page; Manu (encore) et L.T. pour l'aide avec HTML et CSS; Google...

Avertissement : le compte-rendu ci-dessus est issu de mes souvenirs et notes de la conférence. De plus, les échanges avec J.R. ont été passés au travers de traductions français <-> espagnol. Même si il se veut le plus fidèle possible, il n'est vraisemblablement ni exact, ni complet à 100% . N'hésitez pas à me signaler toute erreur ou oubli !
La reproduction de ce texte est interdite sans mon accord préalable
Crée le 22/05/2008 - Mis à jour le 22/05/2008
Contact : Mathieu LAGREZE