FIBD 2019

Le bilan

Comme déjà dit, l'édition de cette année a donc réussi l’exploit d’être bien meilleure et plus riche que la précédente, qui avait pourtant remonté la barre de façon spectaculaire depuis que Stéphane Beaujean se retrouve seul directeur artistique. Ceci dit, tout le monde ne doit pas penser la même chose tant il a donné de l’importance à la bande dessinée venue du Japon ou à celle venue des USA. Il nous a fallu cinq grosses journées (le déplacement aller-retour entre Paris et Angoulême compris) pour suivre le programme proposé, sans pouvoir tout faire, comme toujours.

Manga City

Manga City, le nouvel espace dédié aux bandes dessinées asiatiques s'est retrouvé excentré par rapport aux années précédentes en passant du plateau (le vieil Angoulême) au terrain de sport situé derrière les chais (le long de la Charente). Cependant, il faut reconnaître que le gain de place (et donc de confort) valait ce petit désagrément, surtout que la navette Manga City a bien fonctionné et s’est révélée être très efficace, au point de ne jamais avoir besoin d’utiliser les bus BD pour remonter.

Cette année, nous avions un véritable espace d’animation avec un cycle de rencontres et de tables rondes bien plus intéressant que les années précédentes. S’appuyant sur une partie de l’équipe éditoriale (enfin, surtout sur Fausto Fasulo, le rédacteur en chef, qui s’est révélé être un bon animateur) de la revue ATOM, donc un gage de qualité, il y a eu de nombreuses rencontres et tables rondes intéressantes, la plus intéressante à nos yeux étant celle avec Taiyô Matsumoto proposée le dimanche en début d’après-midi.

Stéphane Ferrand, le remplaçant des Nicolas Finet et Erwan Le Verger qui avaient incroyablement tiré vers le bas (à leur décharge, ils manquaient peut-être de moyens et de place) la partie manga du festival (ce qui nous faisait regretter chaque année le Manga Building à l’Espace Franquin), a réussi à nous proposer un lieu donnant envie de venir et de revenir. Il faut dire que nous pouvions circuler sans difficulté, que plusieurs stands éditeurs (Kana, Pika, Ki-oon et Glénat) étaient « pro » quoique pas très grands (ce n’est pas Japan Expo), que les espaces de Taïwan, Hong-Kong et de Corée étaient comme d’habitude de qualité, que le lieu n’était pas envahi de vendeurs de goodies et autres produits dérivés, qu’il y avait un bar à sushi très correct pour y manger le midi, etc.

Les expositions

L’autre excellent point du festival concerne les expositions. Certes, nous ne les avons pas toutes faites mais à part celles consacrées à Rutu Modan et Jean Harambat, un peu décevantes, elles se sont révélées être d’un très haut niveau, comme souvent avec 9e Art+. Mention spéciales aux expositions « Batman 80 ans », « Taiyô Matsumoto, dessiner l’enfance » et « Richard Corben, donner corps à l’imaginaire », vraiment très réussies au niveau de la scénographie et des cartels. « Batman 80 ans », très spectaculaire, réussissait l’exploit de pouvoir s’adresser à la fois au grand public et aux connaisseuses et connaisseurs. Son succès public a dû dépasser les espérances, j’ai entendu parler de plus de trois heures d’attente pour pouvoir y accéder le samedi. Dommage qu’elle ne durait que cinq jours (nous y sommes allés le mercredi, journée pro). Les expositions « Tsutomu Nihei, l’arpenteur du futur », « Tom-Tom et Nana présentent tout Bernadette Després » et « Manara, itinéraire d’un maestro » étaient aussi à ne pas rater.

Les rencontres et les conférences

Du coup, nous n’avons pas passé énormément de temps au Conservatoire pour suivre les conférences et rencontres qui y étaient programmées, à la différence des années précédentes. La faute à un programme trop concentré sur le vendredi et le samedi, entre la fin de matinée et le début d’après-midi, obligeant à faire des choix cornéliens. C’est d’ailleurs, et ce n’est pas nouveau, un des points noirs de cette édition. Ce qui nous intéressait le plus tombait trop souvent en même temps, sur des sites assez éloignés les uns des autres. Un meilleur étalement des activités en rapport au manga serait une bonne idée, en ce qui nous concerne. Le samedi, soit nous assistions à la masterclass de Taiyô Matsumoto, soit nous assistions aux rencontres avec Shinichi Ishizuka (Blue Giant chez Glénat) puis avec Paru Itagaki (Beastars chez Ki-oon). Problème : tous les ans, il y a aussi plusieurs conférences sur les bandes dessinées étrangères qui nous intéressent et qui entrent en conflit avec le reste du programme du festival. Les années précédentes, cela n’était pas un tel souci, vu la faible qualité des animations de l’espace manga, mais cette année, ça a été une grande source de frustration.

Le grand raté de cette édition est, pour nous, la masterclass de Taiyô Matsumoto. Comme je le craignais, Lloyd Chéry l’animateur, n’a pas été au niveau. Ce n’est pas qu’il n’avait pas préparé la rencontre, il l’avait manifestement travaillée. C’est surtout que ça correspondait à une présentation de l’auteur, de son œuvre et à destination du grand public, des personnes ne connaissant pas l'auteur invité. Malheureusement, c’était une masterclass, et, pour moi, ça doit être une rencontre technique, abordant la manière de travailler, parlant du processus de création, montrant comment le mangaka dessine. Il n’y a rien eu de tout ça, juste une présentation des principales séries disponibles en français. Bon, il ne faut pas regretter d’y être allé, la présence en France de Taiyô Matsumoto est si rare… D’autant plus que la rencontre internationale à Manga City du dimanche matin, animée par Xavier Guilbert et Stéphane Beaujean (deux vrais connaisseurs du travail de l’auteur) était vraiment réussie, ce qui compense la déception de la masterclass. En fait, il aurait fallu inverser les deux rencontres.

Les dédicaces

Nous faisons assez peu de dédicaces durant le festival, ce n'est pas une activité prioritaire. Seulement, cette année, nous avions la chance d'avoir Taiyô Matsumoto ! Félicitons Kana pour son organisation des dédicaces : tirage au sort limité à 100 tickets par jour, une chance sur deux de gagner, quatre jours de dédicaces, achat nécessaire seulement pour valider le ticket gagnant avec la possibilité d’avoir la dédicace sur une autre œuvre (que celles vendues sur le stand) du mangaka, c’était bien organisé… du moins, pour les francophones. Heureusement pour les délégations hongkongaises et taïwanaises que l'une d'entre nous, Taliesin, était là pour leur expliquer en cantonais puis en une sorte d’anglo-mandarin le système, cela aura permis à quelques Chinois·e·s amatrices et amateurs de Taiyô Matsumoto de pouvoir le rencontrer en dédicace. En plus, le jeudi, nous n’étions qu’une cinquantaine, ce qui fait que tout le monde a été servi en ticket gagnant. Certain·e·s d'entre nous ont ramené d'autres dédicaces : Tsuhomu Nihei (signature), Paru Itagaki, Art-of-K, David B., etc.

En conclusion

À l’arrivée, cette quarante-sixième édition s’est révélée être une des meilleures que nous ayons pu suivre (trois d'entre nous en ont fait plus de quinze, cela commence à compter) et nous attendons déjà avec une certaine impatience la prochaine avec Rumiko Takahashi en présidente et une exposition sur le travail de Yoshiharu Tsuge, même si nous n'espérons pas la présence de ces deux mangaka.

Herbv