Nés pour cogner

[Hugues]

Nés pour cogner est un manga de Shin'Ichi Sakamoto (dessinateur de Kiomaru) en 7 volumes. La série est actuellement publiée en France chez Akata/Delcourt.

Alors attention, le scénario vole haut (au niveau d'un fundoshi).

Takeshi Yamato est super fort à la bagarre (style combat de rue) et est chef de bande à Tokyo. Le problème, c'est qu'il en a une grosse, une énorme, du genre à faire tomber en syncope les mamies qui ont pourtant connues la guerre. Et ça le complexe.
Alors il quitte la capitale pour une petite ville près d'Osaka où il espère enfin rencontrer une fille. Mais son secret est découvert le jour même de son arrivée par un de ses camarades de classe. La nouvelle se propage comme une traînée de poudre, tout le monde se fout de lui et les filles l'évitent comme la peste. Bref c'est la débandade.

Sauf que, dans cette petite ville, une tradition veut qu'une fois l'an, l'homme le plus fort soit désigné lors de la cérémonie du Masuraou et celui-ci obtient respect et admiration de tous, femmes comprises. Alors Yamato décide de participer mais il va vite se rendre compte que ce titre est convoité par beaucoup et se mérite.

On ne peut pas dire que ça fasse dans la finesse, il n'y a qu'à regarder les couvertures hilarantes de la série où, chacun à leur tour les différents personnages principaux posent majestueusement en fundoshi, le sous-vêtement traditionnel. Heureusement qu'on me connaît bien à la librairie où j'achète mes livres car sinon on risquerait de me prendre pour un tordu.

Mais qu'est-ce que c'est drôle ! Les personnages sont plus bargeots les uns que les autres, tout est démesuré dans ce titre. Le dessin est très caricatural pour les principaux candidats au titre de masuraou au point qu'on les croirait tiré de l'oeuvre de Rabelais. Entre le judoka à l'honneur exacerbé et à la grande bonté (mais à l'aspect repoussant), le play-boy timide et bien sûr le héros, tous recherchent ce titre pour pallier un de leurs défauts, un de leurs doutes malgré toutes leurs qualités. Et donc aucun ne fait preuve de suffisance, ils possèdent tous à la fois une force et un caractère forts et une profonde faiblesse, une belle part d'humanité. Ce sont donc des personnages très attachants. Et puis parallèlement, on a un dessin très doux pour les filles (une seule est mise en avant ceci dit). Et elle fait dans doute preuve du caractère le plus impitoyable. Ce contraste est assez savoureux mais après tout n'est pas si antithétique que ça.
Clairement un titre qui m'a plu et dont j'attends la suite.

[Blazman]

Ca serait une super accroche ca : "Rabelais aurait adoré ce manga". A mettre en sticker sur la couverture.

[Hugues]

Les stickers, c'est la plaie à enlever, pire qu'un chancre syphilitique. Et Rabelais, foutons-lui la paix

[Hugues]

Yamato et Naruse doivent se dépêcher de récupérer trois slips pour pouvoir participer à la suite de la désignation du masuraou. Et ça tombe bien car ils affrontent un duo de jumeaux-rappeurs bien dans l'esprit tordu des personnages de ce manga. Sinon, l'impressionnant Kakeru avait les fesses bien rouges un an auparavant!

Si le rythme et l'humour de la série sont maintenus sur les trois derniers tomes, j'en serais fort ravi. En tout cas pour l'instant, cette série est une de mes rares satisfactions cette année! Les séries courtes, en sept tomes, semblent être un bon compromis entre le ton et la nervosité qui compensent l'absence de scénario, facheuse sur une plus longue durée.
C'est d'ailleurs pour les mêmes raisons que les deux premiers volumes de Jackals m'ont beaucoup plu.

[Hugues]

Un volume un peu mou comparé à d'habitude.
La cérémonie de désignation du masuraou entre dans sa dernière partie, et pour l'occasion, les fundoshi deviennent noirs. Et c'est à ce moment que l'inévitable se produit, il y a un tournoi!

Il faudra un jour que je fasse le ménage dans mes séries baston car à force de lire des tournois, je finis par ne même plus me rappeler qui affronte qui, et où, et pourquoi!
Bon, comme on est dans Nés pour cogner, rien ne se passe comme d'habitude : le tigre enfin maintenant le jaguar (une panthère?) affronte une momie et Yamato est opposé à un chef d'entreprise bedonnant .

[Hugues]

Nés pour cogner volume 7

Excellente conclusion de cette série, d'autant que je craignais une fin complètement expédiée et brutale après le 6e volume. Il restait encore le gros morceau à mettre en scène : le masuraou en personne. Un seul volume pour le présenter, le faire affronter le vainqueur du combat entre Yamato et Naruse (qui n'était pas terminé!), cela faisait quand même peu. Il n'en est rien et ce volume est même très surprenant car en voyant la couverture, on pouvait se dire que le fameux Yamaki avec son air de yakuza était une bête froide. Pas du tout, c'est même un des personnages les plus charismatiques et pourtant il y en a déjà un paquet dans cette série. Ce gars se bat pour quelque chose et a sa morale.

Donc au final une série marquée par son humour (on retrouve d'ailleurs des gags du début de la série) ses personnages excentriques mais chaleureux et ses combats impressionnants, le duel final est même superbe. 7 volumes et pas de sentiments de manque, il n'y a pas besoin de plus, de suite ou de nouveaux défis.