Aromantic (love) story : vive l'aromantisme et le célibat !

[herbv]

Après GAME - Entre nos corps - et ses promesses absolument pas tenues, voici le sujet dédié et ma chronique sur le tome 2 écrite pour bubulle. Comme vous allez pouvoir le voir, j'ai été déçu par le titre, et la cause en est, là aussi, la communication d'Akata (je n'ai pas été le seul, une blogueuse, pourtant favorable à l'éditeur, aussi).

Futaba Kiryû est une mangaka à succès depuis quâ??elle a créé une série à base de « harem manga » et de comédie romantique, suivant en cela les conseils de son éditeur, qui ne voulait plus de sujets sociétaux, étant donné que ça nâ??intéressait pas le lectorat du magazine pour garçons Burst. Pourtant, un tel changement éditorial aurait dû déboucher sur un échec de plus. En effet, Futaba est une aromantique, câ??est-à-dire quâ??elle ne croit pas en lâ??amour, ne connait pas lâ??amour, ne recherche pas lâ??amour et refuse le diktat de la société qui lui impose dâ??aimer lâ??amour. Non, ce nâ??est pas parce quâ??elle est une femme quâ??elle doit faire de la romance et quâ??elle doit être en couple avec un homme, même si elle a 32 ans ! Pourtant, cela ne lâ??empêche pas dâ??écrire sur le sujet. La preuve, elle connaît le succès avec At Love, lâ??amour aux trousses. Toutefois, son adaptation en série TV dâ??animation va être à lâ??origine dâ??une profonde remise en cause de la position de son auteure sur le sentiment amoureux. Cela commence par la déclaration de Hiro Asakura, de 12 ans son cadet, un assistant qui travaille avec elle depuis quelques mois. Il est avant tout un fan absolu et cette fan-attitude sâ??est transformée en amour (secret d'abord) avec le temps (et la proximité, sûrement). Il y a aussi Kyôsuke Kitamura, le scénariste (à succès) de la version animée, 40 ans, qui semble sâ??intéresser à notre « héroïne » pour des raisons qui ne sont pas purement professionnelles. Câ??est ainsi que se met en place un triangle amoureux avec une inadaptée au romantisme en pointe. Que pourra bien donner une telle combinaison ? Dâ??après la communication dâ??Akata : 2 hommes, 1 femme, 0 possibilité. Câ??est à voir, nâ??est-ce pas ?

Haruka Ono (à ne pas confondre avec lâ??idole membre du groupe de J-pop SKE48) est une mangaka assez discrète. Il est difficile de trouver des informations la concernant. Il faut dire que sa carrière nâ??a débuté quâ??au mitant des années deux mille et quâ??elle nâ??est quâ??une auteure parmi la masse au Japon. Au sein des magazines de la maison dâ??édition Shogakukan, elle sâ??est surtout exprimée dans les shônen manga de sport, de hockey sur glace en lâ??occurrence. En soit, un tel positionnement est assez original car lâ??équation shônen + sport + femme = manga nâ??est pas fréquente au Japon, même si dâ??autres femmes telles que Rumiko Takahashi (Ranma ½) et Hiromu Arakawa (Silver Spoon) ont montré la voie et connu le succès dans le shônen, avec des variantes de thème il est vrai. Passée sur le magazine de prépublication en ligne Ura Sunday (au cÅ?ur de cible masculin), Haruka Ono change ici de sujet, sâ??attaquant à une comédie romantique aux accents très peu shônen. Dâ??ailleurs, le titre est publié en version reliée (tankobon) dans la collection josei (c'est à dire pour femmes adultes) de lâ??éditeur. Voilà un bel exemple de manga aux cibles multiples et qui ne rentrent pas dans les petites cases que certain·e·s aiment définir en francophonie. En effet, la crise du manga en version papier sâ??aggravant chaque année qui passe, les éditeurs japonais cherchent à élargir au maximum la cible de leurs titres, et profitent du net pour être multi-audiences. Le présent titre en est un bel exemple.

Aromantic (love) story est un des nombreux mangas pour filles (ou jeunes femmes) quâ??Akata, une maison d'édition de référence dans le genre, nous propose actuellement. Car lâ??éditeur francophone, surtout dans son communiqué de presse, a décidé dâ??en faire un shôjo manga, ce quâ??il nâ??est pas, techniquement. Câ??est soit du shônen romantique par sa prépublication, soit du josei romantique par la collection (Flower Comics) de la version reliée. Il nous est présenté aussi comme étant une comédie (ce qui est vrai), traitant dâ??asexualité (ce qui nâ??est pas faux dans le premier tome) et de féminisme (idem). Malheureusement, on se retrouve ici dans le même cas de figure que GAME - Entre nos corps -, câ??est-à-dire une communication biaisée (du moins pour les tomes qui sont accessibles aux lectrices et lecteurs francophones). Sâ??il y a effectivement un propos plutôt féministe par le biais des réflexions dâ??Haruka qui sâ??insurge dans le premier tome de la demande de faire une comédie romantique par le biais dâ??un harem manga (shônen oblige), peut-être sous prétexte quâ??elle est une femme, sâ??il y a une tentative de justification de lâ??aromantisme et de la volonté dâ??être célibataire, toute ces promesses, toutes ces belles tirages disparaissent dans le deuxième opus de la série (qui en totalise cinq). On se retrouve alors à lire un banal shôjo romantique avec lâ??incontournable triangle amoureux, la fille paralysée par le sentiment amoureux, une véritable oie blanche, et qui nâ??agit quâ??en réaction aux actions menées par les hommes de son entourage. Alors, certes, câ??est raconté de façon efficace, les personnages sont attachants (même Kitamura qui a subi un grannnnd traumatisme, comme de bien entendu) et on ne sâ??ennuie pas à la lecture. Cependant, on est très loin des promesses faites par Akata et cela ne peut quâ??engendrer une certaine déception, pour ne pas dire une déception certaine. Pour le modernisme du propos, on repassera donc... à moins que les tomes suivants changent à nouveau la donne.
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Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair

[Gemini_]

Je suis de près les publications d'Akata, mais en l'occurrence, celui-ci m'a semblé dès son annonce clignoter en rouge avec marqué "attention danger" dessus.
Le sujet est extrêmement sensible, et a besoin d'être traité avec beaucoup de subtilité et de connaissance pour ne pas sombrer dans le très caricatural "elle pense qu'elle est aro/ace alors qu'elle n'a tout simplement pas rencontrer l'homme qui fera d'elle une vraie femme". Comme le manga a été pensé, à l'origine, pour un lectorat masculin, j'avais de gros doutes concernant la subtilité, les comédies romantiques destinées aux hommes brillant rarement par cet aspect.
Mais bon, je ne suis pas non plus fermé, alors j'ai décidé d'attendre les premiers retours sur ce titre avant de décider de lui donner ou non sa chance. Ce ne fût pas très positif, en particulier concernant le traitement du sujet. Le message ci-dessus ne vient finalement qu'en rajouter une couche.
Donc non merci, ce manga n'est pas pour moi, il risque simplement de m'énerver (à moins d'un changement d'orientation dans les prochains tomes). Chez l'éditeur, concernant les séries sur la sexualité (et le genre), nous en resterons donc à l'excellent Eclat(s) d'Ame, un manga par quelqu'un qui sait de quoi iel parle.

PS : Bon, là, je sais que je sodomise les mouches, mais le titre français est Aromantic (Love) Story, alors que les couleurs sur la couverture font référence au drapeau asexuel.
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- Tu es critique. Cela signifie que tu dois classer les films sur une échelle qui va de "bon" à  "excellent".
- Et si je n'ai pas aimé ?
- Ça correspond à bon !

[Taliesin]

Ah non Gemini, tu ne sodomises pas les mouches! Je suis d'accord avec ta remarque, car l'asexualité et l'aromantisme sont bien deux choses différentes. Si parfois les deux vont de paire, cela n'est pas systématique. C'est malheureusement très souvent confondu dans la tête des gens. J'ignorais que les couvertures étaient inspirées des couleurs du drapeau asexuel par contre.

C'est un titre que j'ai envie de lire aussi, car l'aromantisme est un sujet qui m'intéresse. En revanche, côté synopsis, ça sentait un poil le triangle amoureux. Alors ça a l'air vraiment chouette côté narration (ça m'a l'air en tout cas très bien raconté côté récit) mais côté aromantisme, je ne sais pas si le thème prend tant de place. Le (Love) est peut-être un Love dans le titre. Je voulais tout de même laisser sa chance, mais herbv et tachan m'ont un peu refroidie. Je ne dis pas que je ne tenterai absolument pas mais devant mes problèmes de budget loin d'être réglés et mes retards sur plein de manga (dont en chinois, peur de ne plus les voir eux...), ça passera en second. Chez Akata, j'ai tellement envie de continuer Jumping et de débuter Eclat(s) d'âme et Whispering!

Comme herbv, j'ai aussi été déçue par Game qui promettait beaucoup sur le papier. Tant mieux si des personnes s'y retrouvent comme pour Aromantic (Love) Story, mais la communication ne marche pas toujours avec moi.
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Lisez Descending Stories de Haruko Kumota, tout est dispo en 10 volumes en anglais

[sushikouli]

[herbv]

Je n'avais pas remarqué non plus la signification des couleurs de couverture. Tsss, quel manque de culture de ma part... Inexcusable, surtout que je connais cette page Wikipedia pour l'avoir déjà parcourue...

Je vais continuer la série, elle reste agréable à lire. Mais il faut oublier comment Akata a cherché à nous vendre sa came, c'est tout...
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Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair

[Gemini_]

C'est l'amie Plumy qui m'avait fait remarquer les couleurs sur la couverture, sur Twitter. Elle a l'oeil !

Nous noterons à ce propos que les drapeaux aro et ace sont sans doute les plus déprimants (avec le genderqueer et l'agender). Que faut-il en déduire ? ^^'
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[Taliesin]

[Cyril]

Ce qui est marrant, d'ailleurs, à propos des argumentaires d'Akata, c'est que j'ai eu la même déception que vous en lisant ce manga mais que la lecture du plus classique tome 1 de SOS love, dont je n'avais pas entendu parler mais que j'ai feuilleté quand j'ai vu que c'était un manga Akata, m'a beaucoup plu et fait rire.

[Taliesin]

Par contre, SOS Love ne m'a pas du tout donné envie par son extrait . Mais je vois tout à fait ce que tu veux dire Cyril
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[Gemini_]

Je pose ça là : https://www.lemonde.fr/les-enfants-akira/article/2018/09/14/aromantic-love-story-le-manga-qui-combat-les-cliches-des-histoires-d-amour_5354957_5191101.html

Par contre je ne comprends pas pourquoi l'auteure de ce texte cherche à ce point à comparer ce titre aux shôjo
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[michael]

L'article du Monde que tu as cité Gemini_ a su éveillé ma curiosité et je me suis procuré le premier tome de Aromantic (love) story.
Il y a trois éléments distincts qui s'en dégagent :

.Les réflexions féministes, bien présentes par les pensées et les réactions du personnage principal aux évènements, ça tient souvent de l'exposition ou du discours un peu trop long.

.L'intrigue avec deux hommes qui ont une dizaine d'années d'écart avec le personnage principal, l'un plus jeune, l'autre plus vieux, qui se déclarent successivement. Rien de surprenant ou palpitant pour le moment.

.Le personnage principal, atypique et intéressant par son caractère, est le seul élément qui m'accroche vraiment, mais au vu des critiques sur le tome 2, ça ne suffira pas à me faire continuer la série.



Sinon merci d'avoir cité Eclat(s) d'âme, j'ai vraiment adoré par contre
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"Rien que d'être vivant, de respirer ce jour-là, c'était une vérité qui était comme un inexprimable miracle".
L'audacieux jeune homme au trapèze volant, William Saroyan

[Taliesin]

J'ai finalement tout lu et je n'ai jamais posté mon avis sur cette série. Une âme généreuse m'aura aidé à lire cette série sans quoi je serais sûrement encore en train de les acquérir (ou j'aurai abandonné?). J'ai donc pu lire la série entièrement du volume 1 au 5. Je vais donner mon avis assez brièvement car je n'ai pas grand chose d'intéressant à dire autour de ce titre. Juste que je voulais tout de même laisser une trace écrite de mon avis.

J'ai beaucoup accroché au volume 1 grâce à l'héroïne qui en a marre des clichés sur les femmes et qui s'assume aromantique (sans que ce soit un secret et tout). Je partage totalement ses coups de gueule la plupart du temps qui plus est . En revanche, dés que le triangle amoureux se forme milieu du volume 1, je commence à déchanter. Et l'aspect comédie romantique va prendre de l'ampleur comme je le craignais face au titre avec son "Love" entre parenthèses sur les volumes 2 et 3. C'est simple, tous les clichés sont là: les rougissements, les quiproquos, la rivalité masculine et j'en passe. Le tout bouscule forcément le quotidien de l'héroïne. Mais avec les volumes 4 et 5, c'est un retour vers des réflexions beaucoup plus mature sur l'amour, notre société, la notion du bonheur et des aspirations qui diffèrent à chaque génération. Bref, le volume 4 amorce donc quelque chose de beaucoup plus adulte surtout dans les rapports familiaux et le volume 5 continue de plus belle, s'intéressant un peu plus à l'héroïne et le rapport qu'elle entretient avec sa carrière de mangaka. En tout cas, la crainte des volumes 2 et 3 est donc vite éclipsée et le titre reste fidèle à lui-même jusqu'au bout. Les volumes 4 et 5 sont excellents, surtout le 5 qui est devenu à lui seul l'une de mes meilleures lectures de l'année, cette surprise.

Côté dessins, je dois dire que je n'ai pas du tout adhéré. Je le trouve hyper transparent en fait et c'est bien le propos tout au long de la série qui m'a donc tenu en haleine. Tout comme les couvertures françaises que je n'ai pas beaucoup aimées, sauf la 1ère, car les autres sont trop vides avec un fond tout blanc et un personnage debout.

Il y a aussi eu, souvent, cette pensée dingue qui a trotté dans ma tête: et si sur un même scénario, Moyoco Anno avait dessiné un manga . En fait, même dans ses moments de comédie, j'ai trouvé que Aromantic (Love) Story manquait totalement de folie, et j'aurais bien aimé un grain de sel comme celui de Anno combiné à la conclusion de Ono. Autre titre sur l'amour hétérosexuel adulte que j'ai beaucoup aimé cette année: Heartbroken Chocolatier que j'ai trouvé captivant de bout en bout et mature.
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