Mangaverse à Angoulême


FIBD 2012

Comme l'année précédente, les changements n'étaient pas nombreux au Festival International de la Bande Dessinée en dehors de la (re)localisation des Rencontres Internationales à l'espace Franquin (avec quelques rendez-vous au Conservatoire) ainsi que du déménagement de l'espace Mangasie. Celui-ci passait de la bulle principale à celle annexe du Monde des bulles. L'organisation du Festival sera-t-elle révolutionnée pour 2013 et la quarantième édition ? Il est permis d'en douter car il n'y a pas de raison de bouleverser une formule qui marche. Cela n'a pas empêché pas le Festival de proposer une nouvelle fois de nombreuses activités plus ou moins intéressantes et de plaire visiteurs, qu'ils soient nouveaux ou occasionnels. Après tout, est-ce de la faute de l'organisation si certains d'entre nous sont devenus de vieux ronchons blasés ? Non, bien sûr !

 

Les bulles éditeurs

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Le lieu historique du Champs de Mars (avec la même bulle que l'an dernier) dédié au grand public a connu un succès certain, notamment le samedi comme le montre la file d'attente de la deuxième photo. D'après les organisateurs, un nouveau record de fréquentation a été battu cette année avec plus de 215 000 visiteurs sur les quatre jours. À ce que l'on a pu voir des files d'attente, notamment devant les bulles, pour les expositions « Art Spiegelman CO-MIX » au bâtiment Castro ou « Fred l'enchanteur » à l'Hôtel Saint-Simon ou dans les restaurants de la Vieille Ville, cela est crédible. Dommage que l'on ne sache pas exactement comment la fréquentation est calculée (estimée ?) avec un système de certification comme pour Japan Expo qui se déroulera au mois de juillet à Villepinte et qui devrait atteindre plus de 200 000 visiteurs pour l'édition 2012.

Peu de surprises dans le Monde des Bulles donc, à part Dupuis qui était remplacé par Soleil, et le déménagement de l'espace Mangasie qui occupait l'ancien espace libéré par Soleil, dans la petite bulle annexe. Outre les grands éditeurs et quelques petits, la bulle principale accueillait aussi l'espace Sélection officielle organisé par la FNAC qui avait perdu à l'occasion pas mal de surface mais qui permettait toujours quelques rapides et sympathiques rencontres avec les auteurs sélectionnés. Bien entendu, les files d'attentes pour les dédicaces étaient nombreuses, sans réellement provoquer de gêne à la circulation. Bref, de l'efficace, du populaire, une base solide sur laquelle le Festival peut se reposer. Bien, entendu, la bande dessinée asiatique y était particulièrement discrète.

Pour cela, il fallait se rendre dans la petite bulle annexe qui regroupait manga et comic books. Malheureusement, il n'y avait rien de bien folichon à part le stand Panini qui bouchait le passage lorsqu'il y avait des séances de dédicaces. Il fallait être motivé pour trouver le stand IMHO, malheureusement un peu invisible et peu fréquenté la majeure partie du temps (hors présence d'Atsushi Kaneko en dédicace, bien entendu), mais aussi un stand Kurokawa ne proposant rien ni personne d'intéressant. Au moins, ces deux éditeurs avaient fait l'effort d'être présents, ce qui est tout à leur honneur.

Comme prévu, la Bulle du Nouveau Monde était la plus intéressante, malgré l'absence fort regrettable des Éditions du Canard de José Roosevelt : j'avais prévu d'acheter le nouveau Ce et de le faire dédicacer... Ceci dit, à part une nouvelle entrée toute en longueur et proposant des stands des deux côtés, ce qui créait des bouchons lorsque l'affluence était trop importante, il n'y a pas grand chose à dire de nouveau sur une formule qui ronronne pas mal. La foule était toujours au rendez-vous, l'Association n'était pas en grève, et les Éditions H y avaient un bout de stand avec l'association LGBT BD.

 

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Mangasie semblait sans intérêt si on n'était pas fan de MCM (pitié, plus jamais Miko & Cartman) et il faut espérer que l'année prochaine nous aurons droit à un retour vers la qualité d'il y a trois-quatre ans. L'exposition numérique n'apportait strictement rien aux visiteurs tant l'absence d'un réactionnel expliquant la démarche, remettant les planches ou les extraits d'animés en contexte était rédhibitoire. Passons sur la fumisterie des cinq sens et de l'interactivité annoncée. Pourtant la démarche aurait pu être intéressante avec du travail de fond. Si la volonté de tendre vers la jeunesse et d'abandonner l'intellectualisation des années Manga Building peut se comprendre, le choc que cela provoque chez l'amateur exigeant est vraiment trop fort.

Les animations n'étaient pas inintéressantes (principalement des performances d'auteurs taïwanais) à condition de n'être que de passage, tant elles semblaient répétitives. Le programme de rencontres et conférences était en net progrès par rapport à l'année précédente. Je regrette de ne pas avoir pu assister à « La bande dessinée Singapourienne », étant pris par ma propre conférence sur le yaoi. Encore une fois, il n'y avait rien pour s'asseoir devant la scène principale... Bien dommage ! L'espace One Piece était une initiative sympathique et les iPad permettant de feuilleter virtuellement les cinq premiers titres numériques lancés par Kazé Manga permettaient au public de voir concrètement ce que peut donner la lecture d'un manga sur écran.

Par contre, la librairie virtuelle était assez ridicule avec trois PC portables au Wifi défaillant qui pointaient (quand ça voulait bien) vers le site marchand de la FNAC. Je plains les conseillers chargés d'aider les éventuels parents à la recherche d'achats en bande dessinée asiatique... N'ayant pas profité du bar (merci mais on a celui de l'espace presse), je ne porterai aucun jugement, même si je ne vois pas son intérêt. Aucun intérêt non plus, la Kinect coincée dans un coin...

Terminons tout de même sur une note positive : le stand Komacon (Corée) avec ses livres géants et son catalogue de titres récents, originaux, et surtout disponibles au niveau des droits. L'ensemble était plutôt réussi et en adéquation avec le cadre. Manifestement, les éditeurs coréens étaient là pour tenter de relancer l'intérêt pour leurs publications en France et pour préparer leur venue lors de la prochaine édition du Festival. Espérons que la quasi-désertion de leur conférence de presse ne les ait pas trop refroidis pour l'année prochaine.

 

Les tables rondes, rencontres et conférences
 
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Les conférences et rencontres étaient nombreuses cette année, comme d'habitude au Festival d'Angoulême, notamment au Conservatoire. Malheureusement, notamment le samedi, il était impossible d'être partout et d'assister à tous celles qui nous intéressaient. Nous avons pu être présents le vendredi à une table ronde avec des auteurs (Blan, Jéromeuh, Soizick, La Grande Alice et Cab) faisant des bandes dessinées gays ou lesbiennes. Elles et lui étaient venus nous parler d'Internet comme moyen de s'exprimer et de toucher un public intéressé par leurs travaux. Nous avons pu assister à une autre rencontre, le samedi, avec des auteurs taïwanais participant à une présentation de leurs manhua et à une troisième avec Atsushi Kaneko le dimanche, aux Rencontres du Nouveau Monde. À cela, est venue s'ajouter la conférence que je donnais sur le yaoi le samedi puis une présentation sur le manga numérique à l'Espace Mangasie par Jérôme Chelim de Kazé Manga et Sébastien Naeco qui tient le blog Le Comptoir de la BD, ce dernier dressant un état des lieux de la bande dessinée numérique tandis que le premier exposait la position de Kazé et sa volonté de développer une offre légale.

D'autres conférences et rencontres semblaient être intéressantes, comme la Rencontre Internationale avec Art Spiegelman, celle autour du New Yorker, la table ronde sur les origines de Raw, la rencontre sur les quinze ans de carrière de deux auteurs d'Ego comme x, celle avec Frederik Peeters, celle entre Goossens et Blutch, sans oublier la conférence sur DC Comics et surtout la conférence-spectacle donnée par les Requins Marteaux. Malheureusement, je n'ai pu en voir aucune.

 

Les expositions
 

Tout comme les rencontres et conférences, les expositions sont traditionnellement nombreuses au Festival et certaines sont vraiment intéressantes. Là aussi, il est impossible de tout voir. Cette année, elles étaient au nombre de quinze, sans compter celles du Festival Off ou du Musée. Nous en avons vue sept dont une du Musée et une du Off. Voici donc un petit aperçu de ce qui était proposé aux festivaliers.

 

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La Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image, principalement partagée entre les chais Magelis et le bâtiment Castro, hébergeait les principales expositions de la 39ème édition. C'est ainsi que nous avons pu voir « Une autre histoire » qui présentait les tableaux d'une quarantaine d'auteurs de bande dessinée. On pouvait se moquer d'une croûte d'Hergé, manifestement meilleur dessinateur que peintre ou s'apercevoir que la plupart des dessinateurs font la même chose sur toile que sur papier. Cette exposition était courte, sans grand intérêt et on est vite passé à la suivante : « Le musée privé d'Art Spiegelman ». En ce qui me concerne, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir une petite déception car il s'agissait tout simplement de la réorganisation en six parties du Musée de la bande dessinée autour des œuvres ayant marquée l'Histoire du médium. Celles-ci avaient été choisies par le Grand Prix de cette année et Thierry Groensteen, le commissaire. Rien de bien neuf pour les habitués du musée à part les vidéos dans lesquelles Spiegelman commentait ses choix et de nombreuses planches issues du mouvement underground américain. La mise en avant de Raw, la revue qui a révélé des auteurs comme Charles Burns ou Chris Ware apportait un petit plus, à la différence de celle de Binky Brown rencontre la vierge Marie. Certes, ce titre est considéré comme étant la première autobiographie en bande dessinée mais quelle lecture fastidieuse. Était-ce parce que j'étais en fin d'exposition, ou dû au fait de lire les planches au mur et donc dans de mauvaises conditions, ou qu'on a tellement "bouffé" de l'autobio depuis plus de dix ans que la première œuvre du genre donnait l'impression d'avoir été vue et revue ? Quoi qu'il en soit, j'ai décroché assez rapidement, alors que l'une d'entre nous a réussi à aller plus loin dans sa lecture.

De l'autre côté de la Charente nous attendait l'exposition « CO-MIX », mettant en scène la carrière d'Art Spiegelman. Ne connaissant de lui que Maus et À l'ombre des tours mortes, j'ai été très intéressé de voir l'étendue de son œuvre, sa méthode de travail (aidé en cela par Cab qui m'a donné quelques informations qu'elle a glanées lors de la Rencontre Internationale avec Spiegelman). Dans un espace sombre mais aux photographies autorisées, à la différence du Musée (merci à la technologie backlit de mon petit Ixus 300 HS), nous avons pu découvrir ses premiers travaux, relevant de l'underground, puis son évolution artistique qui l'a conduit à Breakdown et surtout à Maus, une des pièces maîtresses de l'exposition même si exposer l'intégralité des planches (des reproductions) ne semblait pas s'imposer. La revue Raw, ses œuvres pour enfants et À l'ombre des tours mortes étaient aussi présentées. Enfin, une dernière partie se focalisait sur les travaux d'illustrations que l'auteur a fait pour le New Yorker. C'était riche, très riche, trop peut-être pour le temps dont on disposait. Heureusement, cette exposition sera proposée à la BPI à Paris de fin mars à fin mai, ce qui permettra de bénéficier d'une petite séance de rattrapage.

 

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La bande dessinée de Taïwan était l'invité asiatique de la 39ème édition du Festival. Après Hong-Kong l'année dernière, ce qui avait donné l'occasion de découvrir une exposition de qualité et une conférence instructive, il était intéressant de pouvoir s'attaquer à une autre facette du manhua. Malheureusement, la conférence était peu informative sur la réalité cette bande dessinée insulaire et l'exposition cherchait plus à promouvoir les artistes qu'à présenter l'histoire du médium. Ceci dit, elle était richement illustrée et l'influence du manga y était extraordinairement présente (80% du marché taïwanais), même si certaines œuvre montraient une influence peut-être plus américaine que japonaise.

« Ocean of comics » (un titre peut-être un peu prétentieux une fois qu'on avait réalisé la réalité du marché taïwanais) masquait bien la réalité d'un médium en crise (il n'existe plus que quatre magazines proposant de la bande dessinée, soit dix fois moins que dans les années 1980-1990) incapable de faire vivre nombre de ses auteurs, contraints d'avoir une activité professionnelle à côté. Voilà qui faisait furieusement penser à la situation de la bande dessinée de la Chine continentale plus qu'à celle de Hong-Kong. Vous pouvez trouver de plus amples développements sur la partie dédiée au manhua taïwanais. En tout cas, il y avait beaucoup de belles choses à admirer, à commencer par des auteurs en plein travail.

 

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La salle Iribe accueille traditionnellement une exposition et cette année ne dérogeait pas à la règle. Cette fois-ci, nous avons eu droit à une présentation de la bande dessinée espagnole, le tebeo. Malheureusement, elle était un peu minimaliste, même si elle couvrait l'histoire du médium, de ses origines à aujourd'hui. Elle se contentait de mettre en scène sans rédactionnel des planches d'auteurs de nationalité espagnole sans se limiter aux supports venus du pays. C'est ainsi que la bande dessinée franco-belge était très présente et que cela m'a permis de découvrir qu'un certain nombre d'auteurs que je pensais Français étaient d'origine espagnole. C'est par exemple le cas d'Arnal, le créateur de Pif le chien, dont j'ignorais le prénom : José Cabrero. Mon ignorance du 9ème art est ainsi moins importante. D'un autre côté, je n'ai jamais eu un grand intérêt pour la nationalité des dessinateurs ou des scénaristes des séries que je suis... On pouvait aussi feuilleter un nombre importants d'ouvrages en libre accès et il était amusant de voir tel ou tel titre en version espagnole.

L'exposition « Fred l'enchanteur » était inaccessible étant donné la file (plus d'une demi-heure d'attente, même en fin de journée le dimanche) devant l'Hôtel Saint-Simon (et mes scrupules à faire passer notre petit groupe devant tout le monde grâce au petit badge blanc tout en restant poireauter devant l'entrée sous le regard réprobateur de festivaliers). Cela nous a donné la possibilité d'aller voir une exposition du programme Off du Festival : « DOG ». Là aussi, du fait d'un accès régulé pour des raisons de sécurité à la tour Marguerite de Valois faisant partie de l'Hôtel de Ville, l'attente a été assez importante (au moins, on pouvait regarder l'adaptation en cours métrage de DOG pour faire passer le temps). La montée de l'étroit escalier de pierre (impossible de s'y croiser) permettait d'accéder à une pièce proposant de nombreuses planches de la (pas ?) bande dessinée DOG, de Vincent Perriot, d'ailleurs présent pour dédicacer son ouvrage et guider le festivalier curieux.

 

Souvenirs du festival...
 
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Pour finir, voici quelques photos du festival réalisées ici ou là, à l'occasion de nos pérégrinations dans la ville. Certaines montrent différentes façades de l'Hôtel de Ville et permettent d'admirer le Beffroi, la tour Polygone (servant de support à une projection nocturne), la tour Marguerite de Valois (et son plafond) située à un angle du bâtiment. Il est proposé aussi le début de la rue Hergé débouchant sur la statue de l'auteur, actrice d'une performance artistique durant le Festival, et quelques lieux comme la passerelle Magelis, le monument Carnot, les Archives départementales.

Herbv

 

 

Le Fauve © Lewis Trondheim / 9ème Art+

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